Mathieu RODUIT 29 juin 2018 Interview


Le rêve japonais de Léna Mettraux

La cycliste d’Échallens (VD) est une touche à tout. Son avenir, elle le voit plutôt sur le VTT ou la piste, discipline dans laquelle elle vise les JO.

© Sebastian Sternemann/Swiss Cycling

Le repos, Léna Mettraux ne le connaît pas vraiment. La jeune femme d’Échallens (VD), 20 ans, cumule VTT, piste et route avec une aisance rare pour sa génération. Du coup, les saisons s’enchaînent, mais l’étudiante en sciences du sport à l’Université de Lausanne tient la baraque.

«Je trouve du plaisir dans les trois disciplines. La piste, je ne l’avais commencée qu’il y a un an et demi. Mais, avec le projet olympique, j’y mets davantage l’accent», sourit-elle.

Léna sait ce qu’elle veut. Et lorsqu’on s’aventure à lui demander comment elle combine les saisons, elle répond du tac au tac: «J’arrive encore à le faire. C’est complémentaire, donc c’est faisable»!

Alors, après avoir rangé au garage la bécane de la piste, la Vaudoise a sauté sur son tout-terrain. Dans le viseur, une qualification pour les championnats du monde de Lenzerheide (GR). «Ce sera le point fort de la saison», relève-t-elle. Les sélections tomberont après la Coupe du Monde de Val di Sole (Italie). Lors de l’échéance de Nove Mesto (République Tchèque), elle obtenait un prometteur 16e rang.


Un top 10 à Schneisingen

La piste, vraiment loin de son esprit ? Pas tout à fait. Car, avant d’aller aux Grisons, Léna Mettraux se verrait bien oblitérer son ticket pour Glasgow. La cité écossaise sera le théâtre des Européens sur piste. «En principe, je devrais y disputer la poursuite individuelle», glisse la talentueuse athlète du VC Échallens.

En attendant, elle accrochera un dossard dimanche lors des championnats de Suisse de cyclisme sur route à Schneisingen (AG). «Il y a encore deux semaines, je n’étais pas sûr d’y participer», rapporte Léna Mettraux. «Je n’ai pas misé beaucoup d’espérance pour ce rendez-vous. Mais, si ma chance se présente, je tenterai un coup.»

Revêtir le tricot rouge à croix blanche ne la titille-t-elle pas ? «Obtenir une place dans le top 10 est réaliste. En revanche, les trois premières places seront difficiles à prendre», tranche l’étudiante. Pour cause, les vététistes Jolanda Neff et Sina Frei viendront guerroyer aux côtés des élites nationales.


Rejoindre l’Olympe dans deux ans

Si elles seront une quarantaine à s’immiscer dans le peloton des championnats de Suisse dames dimanche (départ à 7h45), les féminines se montrent pourtant rares toute la saison durant. «Les courses sur route sont peu intéressantes. Deux ou trois filles se détachent du lot et les courses se font par élimination. La tactique a rarement sa place», regrette Léna Mettraux.

En plus, la discipline est moins bien perçue aux yeux du grand public. «En VTT, les épreuves sont autant impressionnantes chez les hommes que chez les femmes. Sur la route, le désintérêt pour les courses des femmes est important. Du coup, les filles ne pratiquent plus la route».

Vivre du cyclisme, une aspiration déjà épineuse chez les garçons. Alors, pour leurs homologues féminines, c’est guère mieux. «En Suisse, elles sont peu nombreuses à vivre de ce sport», murmure Léna Mettraux. «Ce serait pourtant incroyable de passer professionnelle. Pour moi, c’est un rêve de petite fille»!

En VTT, comme sur la piste, la tâche est ardue. Les équipes se raréfient et il est souvent nécessaire de prendre son envol hors des frontières nationales pour s’octroyer le privilège de vivre de la petite reine, comme une princesse.

Alors, Léna Mettraux a dissimulé sous l’oreiller un autre rêve. À l’accent japonais, celui-là. Depuis la mise sur pied d’une structure féminine pour la piste à la fédération, la Challensoise se verrait bien aux Jeux Olympiques. Et ne dit-on pas que tout commence par un rêve ?


Retour

Pour approfondir