Christopher DUPERRUT 10 avril 2018 Journal


Le « GP de Fully » raconté par le champion vaudois

Présent dans la bonne échappée, Christopher Duperrut raconte de l'intérieur cette course animée par les anciens.


Le Prix des Vins Henri Valloton ou tout simplement le « GP de Fully » dans le milieu cycliste suisse est LA course du début de saison en Suisse et peut-être la course qui me pousse à prendre une licence chaque année depuis plus de dix ans maintenant... C’est une des dernières courses ouvertes à toutes les catégories et offrant un beau parcours de plus de 30km. Bref, une fête du vélo au pays du soleil qui ne se loupe pas !

11h06, départ de la catégorie Amateur/Master pour 130km à travers la plaine du Rhône. Les difficultés du jour seront la traditionnelle bosse de Chamoson, la bosse d’Ecône, le coup de cul de Fully et non des moindres, le Foehn valaisan qui balaie la vallée. La première bosse est montée à vive allure et il ne reste au sommet plus qu’une petite trentaine des septantes coureurs au départ ; écrémage impressionnant !

Le rythme ne faiblit pas sur le retour et plusieurs tentatives d’échappées se forment sans succès. C’est face au vent, à la sortie de Fully après le premier passage sur la ligne d’arrivée, que je décide de mettre le nez dehors avec sept autres coureurs. Le peloton se regarde, le vent souffle fort, et nous voilà partis pour une jolie échappée de vieux roublards.

En effet, le deuxième passage de la bosse de Chamoson réduit le groupe à cinq : quatre Masters et un Amateur. Je retrouve alors Laurent Beuret (32ans) du VCO Delémont accompagné d’Yves Mercier (31ans) et de Marc Dubois (33ans) tous deux du VC Franches Montagnes ainsi que de Joab Schneiter, jeune espoir de la nouvelle équipe IAM Excelsior. Avec moi et mes 30 ans, on forme une belle échappée « d’anciens ».

Il reste alors trois tours et près de 100km, mais la collaboration est excellente et le niveau homogène du groupe permet de tenir un rythme élevé. L’ardoisier nous indique 2 minutes et 30 secondes, puis à l’entame du dernier tour plus de 3 minutes. Mais Marc Dubois lâche dans les pentes d’Ecône et on est plus que quatre pour affronter le dernier tour et le vent toujours aussi violent.

La fatigue commence à se faire sentir, les jambes deviennent douloureuses, les relais plus difficiles reviennent plus rapidement. On se ravitaille comme on peut pour affronter les derniers trente kilomètres. Malgré l’avance que l’on a, il ne faut rien lâcher car cela peut revenir très vite depuis l’arrière. Dans le dernier passage de Chamoson, Joab Schneiter accélère à la pédale et seul Laurent Beuret suit.

Il y a 20 secondes au sommet et on se déploie comme on peut avec Yves Mercier pour les tenir à distance mais les crampes ne sont pas loin et l’objectif devient vite évident : relier l’arrivée avant le peloton et assurer les places de 2 et 3. Joab Schneiter finit par lâcher le dernier « Master » de sa roue pour s’envoler littéralement vers la victoire. Quant à nous, on termine le visage grimaçant, exténué, mais content d’avoir été au bout de cette épopée. Pari fou de vieux amoureux du vélo venu un dimanche ensoleillé se faire plaisir aux souvenirs du passé.


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