Guillaume GACHET 03 mars 2019 Interview


Cédric Bugnon : ''Le sponsoring, c'est la désolation!''

Le fondateur de la Pédale Romande nous raconte les coulisses du site et du Swiss Bike Challenge.

© Aline Gérard

C'est ce week-end que les coureurs les plus assidus vont donner le coup d'envoi de cette saison 2019. La première manche des Classiques du Littoral ouvre le bal ce dimanche. C'est aussi le dernier moment pour peaufiner les détails d'avant-saison pour l'équipe de La Pédale Romande. Nous avons profité d'un instant d'échanges lors des préparatifs pour vous faire rencontrer le fondateur de ce projet.

Cédric Bugnon porte plusieurs casquettes sur ce média sportif en étant à la fois rédacteur, administrateur et développeur du site web. Il se bat constamment pour trouver des nouveautés et tenter de donner un nouvel élan au cyclisme romand. Ce passionné de cyclisme, entraîneur indépendant, offre une énorme partie de son temps libre pour ce projet en constante évolution.


Lors de la première année, le challenge était légèrement différent de maintenant. Quelle évolution constates-tu ?

Un intérêt nettement plus marqué de la part des coureurs ! Lors de la première saison, personne ne savait vraiment ce que c’était. Mais très vite, les coureurs ont gardé un œil sur le classement et suivi son évolution.

Dès la deuxième saison, les courses nationales et internationales des juniors ont été intégrées dans le calendrier du Challenge. Les graphismes du site ont été retravaillés et le nom a changé afin de centrer vraiment le site sur la Suisse romande. La planche de prix a été augmentée à 3'500 CHF récompensant au total 8 coureurs, ce qui est beaucoup pour une compétition amateur.

Lors de la saison 2018, de nombreux coureurs m’ont écrit pour me faire part de leurs résultats. Cela fait vraiment plaisir et montre que La Pédale Romande répond réellement à un besoin en Suisse romande.

L'aide financière est-elle toujours aussi difficile à trouver ou as-tu vu une amélioration ?

Au niveau sponsoring, c’est la désolation ! Aujourd'hui les grandes entreprises ne font malheureusement plus le moindre geste financier pour un projet de ce genre. Ce n’est pas propre au vélo, c’est général. Le soutien vient plutôt des petites entreprises dont le patron est passionné et directement touché par le milieu en question. L’exemple parfait pour la Pédale Romande, c’est le soutien de Cycles Prof Lüthi, que je remercie encore à travers cette interview. Ils assurent la totalité des primes du Challenge junior et c’est vraiment indispensable pour nous de pouvoir compter sur un tel soutien.

Heureusement, pour cette troisième édition, nous devrions pouvoir compter sur le soutien financier d’au moins 5 des 6 associations cantonales romandes. Et j’ai bon espoir pour le canton qui n’a pas encore donné son accord. Cela permettra d’équilibrer le budget et j’espère de maintenir la même planche de prix qu’en 2018. Au-delà de l’aspect financier, c’est une vraie reconnaissance de la part des dirigeants du cyclisme romand. Cela fait plaisir et motive pour faire évoluer encore La Pédale Romande.

Quelles sont les nouveautés pour la saison 2019 ?

Nous mettons en place un Challenge régional. Certains coureurs et dirigeants trouvent que le Challenge est certes représentatif des forces en présence, mais qu’il est moins intéressant pour les coureurs qui arrivent en deuxième rideau. L’an dernier, j’ai vu en début de saison quelques coureurs juniors se rendre sur des épreuves régionales loin de chez eux pour marquer des points pour le Challenge. Puis quand Alexandre Balmer et Loris Rouiller ont écrasé la concurrence, il n’y avait plus d’intérêt pour eux de continuer, l’écart était trop grand. C’est bien sûr dommage pour eux, mais c’est aussi dommage pour les organisateurs.

L’idée est donc d’avoir un Challenge annexe qui ne concernera que les épreuves régionales. Les coureurs de premier plan sont souvent absents de ces épreuves en raison de leur calendrier chargé. Cela permettra à d’autres coureurs de s’exprimer. Et pour être devant sur ce classement, il faudra participer à bon nombre d’épreuves régionales. À terme, j’espère que cela créera une émulation et que cela poussera quelques coureurs à participer à davantage d’épreuves, ce qui sera au final intéressant pour les organisateurs.

Il y a également quelques changements de règlement pour les coureurs appartenant à une équipe UCI ainsi que pour les coureurs de plus de 25 ans. Nous n’allons pas exclure les coureurs plus âgés, mais nous voulons vraiment centrer nos efforts sur la relève. Jusqu'ici les coureurs de 23 ans et plus appartenant à une équipe UCI ne marquaient pas de points du tout. Par contre, un coureur de 30 ans qui n'était pas dans une une équipe UCI pouvait écraser le Challenge. Dès cette année, tous les coureurs jusqu'à 25 ans marquent des points sur toutes les épreuves. Les coureurs âgés de 26 ans et plus ne peuvent plus ''scorer'' sur les courses UCI mais reste dans le Challenge avec les épreuves régionales et nationales.

Le Challenge va donc légèrement changer, le côté médiatique va-t-il lui aussi subir de gros changements ?

J’espère qu’on gagnera encore en visibilité ! Un article publié sur la Pédale Romande est vu en moyenne 5'000 fois. Dans un domaine aussi spécialisé, c’est déjà une belle performance. Pour le reste, nous allons continuer d’être actifs sur les réseaux sociaux et d’aller à la rencontre des coureurs.

Au fil des saisons, comment vois-tu évoluer le calendrier des courses en Suisse, plus particulièrement en Romandie ?

Je crois qu’on a vécu un petit passage à vide notamment pour ce qui est de la route, mais il y a eu récemment beaucoup de signaux positifs ! Au niveau des courses nationales sur route, il y a le retour d’une très belle épreuve au Tessin. Le canton de Genève propose déjà plusieurs épreuves nationales et voit la création d’une nouvelle épreuve dans le cadre du Salon du Vélo.

Au niveau régional, les épreuves habituelles continuent d’exister et se modernisent parfois. Le Tour du Canton de Fribourg aura davantage d’étapes à son calendrier. Il y a aussi la création d’un Tour du Canton de Neuchâtel en 4 étapes en septembre. Il ne faut pas oublier non plus les 6 manches du Critérium genevois dont la première édition était la saison passée. Ni la Coupe des Critériums dans le Jura, qui est plus ancienne mais passionnante avec des courses éliminatoires et des épreuves nocturnes.

Je pense que le vent va continuer de souffler dans ce sens car les dirigeants romands ont pris un coup de jeune ces dernières années. Avec Loïc Hugentobler à Genève, Steve Morabito en Valais et tout récemment Vincent Volet sur Vaud, la moyenne d’âge des présidents cantonaux a drastiquement chuté et c’est une très bonne chose.

Je ne veux bien sûr pas critiquer les anciens qui ont réalisé un énorme travail ces dernières années. Le cyclisme sur route a évolué très rapidement avec l’arrivée des entraîneurs personnels et la concurrence du VTT qui est beaucoup plus fun, notamment. Les jeunes qui ont vécu cette évolution sont plus à même de comprendre cela et d’adapter leurs épreuves en conséquence.

Le site internet se constitue d’une partie consacrée au recensement des résultats, l’autre à l’actualité de cyclisme romand. La diversité du site de La Pédale Romande est-elle compliquée à gérer ?

Ce n’est pas la diversité du site qui est difficile à gérer, mais la diversité du cyclisme ! Il y a la route, la piste, le VTT, le cyclo-cross, le BMX, le cycle-ball qui est une sorte de match de foot à vélo, et même du cyclisme artistique… Et je ne parle pas des sous-disciplines, notamment sur piste, qui changent constamment. Les règlements sont pratiquement adaptés chaque année. Il y a très souvent de nouvelles inventions censées rendre le cyclisme attractif. Mais à mon avis, on dilue surtout le nombre de coureurs par ce trop grand nombre de disciplines. Et on rend la compréhension du vélo plus difficile pour le grand public.

Je dirais surtout que la principale difficulté pour la Pédale Romande, c’est d’arriver à tout suivre ! Rien que pour la route, en 2018 on a recensé 352 jours de course. Tous ne sont pas publiés en news, mais tous les résultats des romands apparaissent sur leur fiche personnelle pour toutes les courses régionales, nationales ou internationales qu’ils ont disputé. Et peu importe si le résultat est bon ou mauvais.

Mais cela reste un travail passionnant. Heureusement, nous sommes désormais trois à gérer les résultats et l’actualité, avec Pauline Roy et toi. Et la porte de notre équipe est ouverte pour tous les passionnés qui souhaiteraient nous rejoindre !


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