Mathieu RODUIT 12 juillet 2018 Interview


Igor Humbert, un Parisien en équipe de Suisse

Originaire du canton de Neuchâtel, le junior vit dans la région parisienne. Dimanche, il portera pourtant les couleurs suisses aux Européens de Brno.

© Swiss Cycling/Steffen Müssiggang

L'anecdote est suffisamment cocasse pour attirer les curiosités. Le junior Igor Humbert (Argenteuil Val de Seine Cyclisme 95 Junior), binational, s'est établi et s'entraîne dans la région parisienne.

Malgré tout, le jeune homme de bientôt 18 ans arbore sur ses épaules le tricot rouge à croix blanche et se glisse fréquemment au départ des épreuves helvètes. Pour cause, il dissimule dans son portefeuille le passeport suisse. Une singularité qui lui a permis de décrocher sa sélection -la troisième avec l'équipe nationale- pour les championnats d'Europe de Brno (République Tchèque, 12-15 juillet).


Igor, un Parisien dans l'équipe de Suisse. Rassure-nous, ce n'est pas une erreur de la fédération ?

Non, ce n'est pas une erreur de la fédération. Étant binational, mon entraîneur m'a dit que cela pourrait être intéressant et judicieux de faire le choix de l'équipe de Suisse au début de l'année. Je me suis dit "et pourquoi pas". J'ai alors pris contact avec l'entraineur national et fait les démarches administratives nécessaires pour intégrer la sélection suisse.


Tu as donc le passeport rouge à croix blanche. Peux-tu nous raconter ton parcours qui t'a emmené dans la capitale française ?

Je suis né à côté de Paris d'un père français et d'une mère Suisse qui est venue s'installer à Paris à 20 ans pour son travail. J'ai donc habité et étudié pour l'instant toute ma vie en France. Au départ, je faisais des randonnées à vélo avec mon père et un copain à lui, ainsi que son fils du même âge que le mien. Puis, appréciant particulièrement ce sport, j'ai pris une licence dans le club le plus proche de chez moi à 7 ans.


Quels liens gardes-tu avec la Suisse ?

J'ai toute la famille du côté de ma mère qui réside en Suisse, dans le canton de Neuchâtel, au même titre que ma mère depuis 3 ans. J'y passe alors pas mal de temps, notamment pendant les vacances (Noël, été...). J'ai ainsi été imprégné par la culture suisse pendant mon enfance.


En plus, tu as pris part à des courses nationales, comme le GP Valloton ou les championnats de Suisse. C'est important à tes yeux ?

Ayant fait le choix de la Suisse, il m'était indispensable de courir dans le pays. Cela me sourit bien d’autant que les parcours escarpés correspondent bien à mon profil de grimpeur.


Revenons au vélo. Tu viens d'être sélectionné pour participer aux championnats d'Europe sur route juniors de Brno (République Tchèque, 12-15 juillet). Comment as-tu réagi à cette annonce ?

C'est à la suite des championnats de Suisse que j'ai appris ma sélection pour les championnats d'Europe. J'étais alors super heureux. En début d'année, je n'y aurais pas cru !


Cette nouvelle reste assez logique compte tenu des résultats obtenus cette saison...

Oui, pour le moment, je suis content de mes résultats, avec notamment une victoire en National Junior en Mars en France (Boucles du 77). Mais, une fracture de la main mi-avril m'a un peu coupé dans mon élan. Cependant, ça me permet peut-être d'avoir plus de fraîcheur pour cette période.

«Les vélodromes me manquent un peu»


En 2016, tu t'étais aussi illustré sur la piste en décrochant le titre de champion d'Île-de-France cadets de la course aux points. Fréquentes-tu encore les vélodromes ?

J'avais même fini second des Championnats de France de la Course aux Points en 2016. C'est vrai que j'ai privilégié la route pour la saison junior. Je vais quand même essayer d'en refaire l'hiver prochain. Cela me manque un peu.


Que t'apprends l'école de la piste, si réputée côté Suisse ?

J'ai effectué un stage de préparation pour le Tour du Pays de Vaud. Nous avons pu faire de la piste à Aigles et j'ai pu remarquer l'implication de Daniel Gisiger. Malheureusement, je n'ai pas fréquenté plus que cela les vélodromes.


Tu cours sous les couleurs d'un club de la région parisienne, Argenteuil Val de Seine Cyclisme 95 Junior. Si l'occasion devait se présenter, accepterais-tu de retourner en Suisse pour le cyclisme ? Pourquoi ?

Mon club d'Argenteuil est super avec des encadrants dévoués et des coureurs de qualité. Je pense qu'en junior je n'aurais pas pu trouver mieux ailleurs. Cependant, le club d'Argenteuil, se concentrant sur la formation je devrais nécessairement intégrer une autre équipe pour mes années espoirs afin de pouvoir continué à progresser.


À 18 ans, tu commences à devoir faire des choix de carrière. As-tu pour autant délaissé ta formation ?

Je continue de concilier le sport et les études. L'année prochaine, je vais réaliser une formation dans le commerce adaptée pour les sportifs, pour pouvoir continuer au mieux les deux. Je pense que c'est important pour mon équilibre et pour mon futur de poursuivre mes études.

«Pas un drame si je ne passe pas professionnel»


Comment envisages-tu ton avenir dans le cyclisme ?

Je ne me mets pas de pression. J'essaie de prendre un maximum de plaisir. Je considère que tout ce qui arrive dans le futur n'est que du bonus. Si je passe professionnel, tant mieux. Sinon, je n'en ferais pas un drame.


Quelles attentes as-tu placées sur ces championnats d'Europe sur route ?

Comme je l'ai dit, je ne me mets pas de pression. Je vais tout faire pour aider l'équipe à obtenir un résultat. J'aimerais juste ne pas finir ces championnats avec des regrets.


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